Après la violence, la «survivance»

Les participantes au projet des Survivantes: Caroline, Marie-Hélène, Marie-Paule, Martine, Sylvie et Huguette.

Les colloques provinciaux organisés par La Bouée, en 2010 et 2012, ont permis une large diffusion des multiples facettes de la violence conjugale, y compris les effets néfastes qui subsistent … après. Cet «après» a donné naissance au projet des Survivantes, ces femmes dont les enfants ont été assassinés par un conjoint violent. Leur histoire fera l’objet d’un documentaire, dont le tournage est prévu pour la mi-octobre. Et ce n’est pas la seule retombée positive du dernier colloque.

Le projet des Survivantes, Sylvie Morin l’avait en tête depuis longtemps. «Je trouve important de parler de la violence conjugale du point de vue des victimes. Après le meurtre de leurs enfants, on leur demande d’être forte, de retourner travailler… C’est comme devoir réapprendre à prendre racine alors que ton arbre est mort. Sans compter qu’elles subissent trop souvent la pression de leur entourage, qui les blâme pour le drame survenu. Je voulais aussi que les victimes ne demeurent pas en situation de victimes mais que leur apport permette de mettre des choses en action, faire en sorte qu’on soit davantage sensibilisés à un phénomène qui ne s’arrêtera pas demain matin», transmet la coordonnatrice de La Bouée. Depuis janvier dernier, 11 femmes et cinq enfants ont été tués dans un contexte de violence familiale. Sans compter toutes celles qui ont survécu mais dont les séquelles sont considérables. Il n’y a qu’à penser à Tanya St-Arnaud, aspergée à l’acide par son conjoint le 26 août dernier.

Les Survivantes, ce sont Marie-Paule McInnis et Martine Bélanger, venues toutes deux livrer un témoignage lors du premier colloque organisé par la maison d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale et leurs enfants victimes. Ce sont Caroline Poissant, Marie-Hélène Guimont et Huguette Archambault, qui accompagnaient Marie-Paule au colloque de 2012. D’autres s’ajouteront possiblement au documentaire, qui sera diffusé l’an prochain sur les ondes de Télé-Québec.
«On tenait absolument à ce que le documentaire soit porté par les Survivantes, pour qu’il soit à leur image», précise Sylvie Morin en relatant les démarches permettant de trouver une maison de production, un diffuseur et une réalisatrice (Karina Marceau) partageant cette vision. Deux rencontres ont été tenues entre ces femmes, désormais liées par une amitié tissée serrée, en prévision du tournage. Quatre jours qui promettent d’être aussi intenses qu’intensifs.

La Bouée à la télé
Au lendemain du colloque tenu au Club de golf de Lac-Mégantic en mai dernier, la page Facebook de La Bouée (www.facebook/LaBouee) a vu le jour, attirant jusqu’à 7000 visites par semaine. Et suscitant l’attention des concepteurs d’Une pilule une petite granule, diffusée sur les ondes de Télé-Québec. Si bien qu’un tournage effectué entre les murs de la maison d’hébergement fera l’objet d’un segment de l’émission, le 1er novembre à 20h00.
Sylvie Morin et Marie-Paule McInnis seront par ailleurs au Colloque du 30e anniversaire des maisons d’hébergement de Chaudière-Appalaches, les 6 et 7 novembre à Lévis, pour donner une conférence sur le projet des Survivantes. «On souhaite que ce projet puisse inciter d’autres femmes à sortir de leur isolement. On veut aussi rejoindre des personnes qui ont vécu la violence familiale dans leur enfance; ces gens-là sont aussi des victimes, pas seulement des témoins», communique Mme Morin. Lors du Forum du Réseau canadien des maisons d’hébergement, qui se déroulait à Montréal les 18 et 19 septembre, la coordonnatrice de la Bouée a lancé: «Si le projet des Survivantes était mené partout au pays, imaginez quelle force on aurait!»

En sortant de l’ombre, les Survivantes brisent aussi les mythes les entourant, car elles sont de tous âges et de toutes provenances. On peut d’ailleurs les connaître davantage en visitant le www.labouee.com.