D’autres pièces précieuses du puzzle découvertes en 2008 sur le site Cliche-Rancourt

D’autres pièces précieuses du puzzle découvertes en 2008 sur le site Cliche-Rancourt - Rémi Tremblay : Actualités

Le plus vieux site archéologique au Québec retrouve lentement la mémoire. Pièce après pièce, fragment après fragment, les étudiants de l’École de fouilles de l’Université de Montréal, en véritables disciples de l’archéologue Claude Chapdelaine, grattent centimètre par centimètre des aires d’exploration creusées sur le site Cliche-Rancourt, en surplomb du lac Aux Araignées, dans la municipalité de Frontenac. Leur patience et leur minutie leur ont permis de faire de nouvelles découvertes cet été, au cours de cette huitième mission sur la piste de l’occupation paléoindienne datant de 12 000 ans! Le plus lointain passé de la présence de groupes humains dans cette région refait peu à peu surface.

Dans le sous-bois, quelques bâches accrochées aux arbres révèlent les puits creusés çà et là. Enfin le soleil, après des jours et des jours de pluie. Attentifs à leur tâche, les étudiants de Claude Chapdelaine lèvent à peine les yeux quand arrivent les visiteurs. En tête, le préfet Maurice Bernier coiffé de son chapeau d’Indiana Jones. Les bottes de caoutchouc aux pieds de la députée Johanne Gonthier détonnent avec son tailleur beige. La mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy Laroche, bien chaussée pour sa sortie en plein bois, a aussi prévu le coup.

À l’accueil, le maître des lieux, Jean Cliche. Discret comme toujours, l’industriel à la retraite prête l’oreille aux informations que livre son «locataire». Il refuse de se voir attribuer la paternité de l’aventure archéologique en région, même si c’est lui, le premier, à s’être passionné des recherches menées sur le terrain. «Mon premier objet? C’était un grattoir!» confie M. Cliche. Ça se passait en 1971, en compagnie d’un pionnier de l’archéologie au Québec, René Lévesque. Rien à voir cependant avec les méthodes de fouilles modernes. Et à cette époque, on n’imaginait surtout pas remonter aussi loin que 12 000 ans dans le temps! Peut-être 4 000 ans tout au plus.

Même si l’École de fouilles en est à sa huitième saison en région, l’exploration du site Cliche-Rancourt date plutôt de sept ans.

«Et il y aura encore du travail à faire pour les générations à venir quand nous aurons quitté les lieux», assure le prof Chapdelaine. Lui et son groupe retournent en ville, le 24 août. Depuis leur arrivée, le 21 juillet, ils ont continué de scruter scrupuleusement le terrain sur lequel ils se trouvent, entre la décharge du lac Aux Araignées et la route 161, foulant l’endroit même où des groupes de chasseurs remontant la côte américaine avaient l’habitude de venir pister le gibier, emportant avec eux les pierres utilisées pour la fabrication des pointes de flèche et leurs outils de travail.

Dans la zone la plus riche, entre 5 000 et 6 000 éclats de débitage ont été découverts à ce jour, la grande majorité n’étant guère plus grosse que l’ongle d’un petit doigt. Les étudiants passent des chaudières de terre au tamisage pour ne rien laisser échapper. Plusieurs pierres qu’ils recherchent ont été extraites des montagnes se situant à près de 350 kilomètres de marche du Méganticois! «Cela signifie que des tailleurs ont finalisé leurs outils sur place, pour la chasse et autres activités domestiques», renseigne l’archéologue.

Parmi la dizaine de pièces plus percutantes révélées par les fouilles de l’été 2008, sa plus précieuse se trouve être un grattoir concave double unifacial, de quoi rendre jaloux l’ensemble de ses confrères. «Je présume que c’est une pièce unique», dit-il, bien déterminé à consulter ceux qui, comme lui, remontent le temps jusqu’aux premières occupations ayant suivi le retrait du glacier.

Sur le site, la grande majorité des artefacts découverts l’a été à moins de 50 centimètres de la surface et les autres, plus rares, sont apparues jusqu’à un mètre de profondeur. «Deux des sept pointes à canelure trouvées sur le site ont été déterrées sous les racines d’un arbre», ajoute l’archéologue. Le propriétaire du terrain a d’ailleurs autorisé l’abattage de chaque arbre sous lequel l’équipe de fouilles croyait avoir d’excellentes chances de trouver des traces du passage des premiers humains.

Jusqu’en 2010!

«Au début de notre aventure, ici, on parlait de deux ans, peut-être trois. Cinq ans sur un site archéologique c’est déjà très rare, alors huit ans, c’est long!» D’abord un projet à saveurs académique et scientifique, les fouilles sur le territoire méganticois ne s’arrêteront pas dans quelques jours. «Il nous reste encore du travail pour quelques années, ici. Toute l’année prochaine a été planifiée et 2010 aussi», fait savoir l’archéologue.

Car ce n’est pas tout d’extraire du sol les pièces du puzzle. «Ca va prendre de la cohérence avec l’analyse des milliers d’éclats pour obtenir l’image la plus complète de ce qui s’est vécu ici, il y a 12 000 ans!».

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