La religieuse enlevée au Cameroun a enseigné à Lac-Mégantic

À l’avant-plan, Gilberte Bussière lors d’une rencontre amicale avec ses anciennes élèves de Lac-Mégantic, au début des années 70.

Gilberte Bussière, 74 ans, la religieuse québécoise enlevée dans la nuit du 4 au 5 avril avec deux prêtres italiens, dans le nord du Cameroun, a enseigné à Lac-Mégantic au début de sa carrière, au sein de la Congrégation Notre-Dame.

Tous trois se trouvaient dans la paroisse de Tchère, dans l’extrême nord du Cameroun, quand, peu avant minuit, des hommes armés, probablement reliés au groupe islamiste nigérian de la secte Boko Haram, sont arrivés à bord de plusieurs véhicules et ont dévasté leur habitation avant de les prendre en otage.

En début de semaine, les autorités canadiennes étaient toujours sans nouvelle de la religieuse. Les cas d’enlèvements d’étrangers sont de plus en plus fréquents dans cette région du Cameroun. Deux fois de suite, le gouvernement du Cameroun a pu convaincre les auteurs de ces kidnappings de lui remettre les otages. Dans les deux cas il s’agissait de ressortissants de nationalité française.

Directrice d’une école qu’elle avait elle-même mise sur pied, Gilberte Bussière devait revenir au Québec pour Pâques. Entre 1959 et 1979, elle avait enseigné à Lac-Mégantic et à Arthabaska, avant de quitter vers le Cameroun.
«Une religieuse très enjouée, très jeune. Elle nous appelait ses novices», se rappelle Diane Roy, au souvenir de sa 7e année au Couvent de Lac-Mégantic. C’était en 1962! Gilberte Bussière avait 23 ans, à peine plus vieille que ses élèves! «Elle ne voulait pas dire son âge pour garder son autorité sur nous! Elle avait le cœur jeune. Une femme qu’on aimait énormément, se souvient-elle. Connaissant le tempérament de cette religieuse-là, je suis confiante que ça va bien aller. Je le souhaite !»

Quelques années après son établissement au Cameroun, Gilberte Bussière était revenue à Lac-Mégantic, le temps de participer à une amicale avec ses anciennes élèves. «Il fallait qu’elle retourne là-bas. Elle s’ennuyait et elle n’était pas bien avec notre vie folle…»

Selon Diane Roy, «les Marinières, c’est avec elle que ce groupe-là est parti. D’abord un tout petit corps de cadets et l’année suivante avec nos baguettes!» C’est sa mère, Laurence Roy, activement impliquée dans le Comité missionnaire, qui l’a avisée de la nouvelle de son enlèvement.

«C’est le prof dont je me rappelle le plus. Elle n’était pas sévère comme les autres», ajoute Ginette Jacques. Elle garde le souvenir d’un très bon professeur, «ouverte et proche de nous».
Les anciennes élèves de la religieuse suivent les événements de près.