Pas de pétrole en 2016, dit le ministre Garneau

Robert Bellefleur a transmis en mains propres au ministre Garneau les quatre lettres de demande de rencontre laissées sans réponse par son cabinet.

Samedi dernier, à sa première visite officielle à Lac-Mégantic à titre de ministre fédéral des Transports, Marc Garneau venait livrer un message d’encouragement aux Méganticois: l’assurance donnée par le président de la CMQR, John Giles, qu’il poursuivrait, par respect pour les citoyens, la suspension du transport de pétrole brut sur son chemin de fer pour le restant de l’année 2016. La phrase qu’il fallait pour calmer le jeu, en attendant les résultats de l’étude de la firme Aecom sur la faisabilité de la voie de contournement ferroviaire.

Motif de sa présence, l’inauguration du Bureau de la reconstruction pour lequel Développement économique Canada accorde un soutien financier de 1,9 M$. Le passage du ministre en sol méganticois a d’abord permis au maire Jean-Guy Cloutier d’avoir un premier tête à tête avec celui qui, dans le nouveau gouvernement libéral à Ottawa, portera le dossier de la sécurité ferroviaire et de la voie de contournement.

À la gare patrimoniale, devant un auditoire surtout composé d’intervenants d’organismes de développement, mais aussi d’une petite poignée de citoyens inquiets du retour en ville des convois citernes, le ministre Garneau s’est fait rassurant. «C’est dans ma lettre de mandat que m’a remise le premier ministre. M. Trudeau accorde une importance particulière à la sécurité ferroviaire. Avec la tragédie de Lac-Mégantic, tout le monde au Canada prend de plus en plus conscience qu’il y a des chemins de fer qui traversent leurs municipalités. Nos chemins de fer transportent beaucoup de matières à travers le Canada et ça aide notre commerce, mais il faut aussi s’assurer de la sécurité.»

Avant sa venue à Lac-Mégantic, il a appelé le président de la Central Maine & Quebec Railway, John Giles. «Je lui ai demandé quelles étaient ses intentions pour le transport du pétrole brut cette année et il m’a dit qu’il n’avait pas l’intention d’en transporter sur son chemin de fer cette année, pour le restant de 2016. Il m’a parlé des investissements que sa compagnie était en train de faire.»

À l’endroit même où flottaient, avant la tragédie, les banderoles thématiques de la ville, «De la voie ferrée à la voie lactée», l’ancien astronaute canadien, aujourd’hui député de Notre-Dame-de-Grâce- Westmount, a évité de prendre des engagements fermes sur l’éventuelle voie de contournement. «Mon ministère a financé la moitié de cette étude et on suit ça de près. C’est quelque chose qui nous intéresse et j’ai hâte de voir quand les résultats vont sortir. Le travail est quand même assez compliqué. Il faut faire les choses dans le bon ordre», a-t-il échangé.

Tout en reconnaissant que le gouvernement précédent a mis en place des mesures de sécurité accrues ainsi qu’une meilleure communication entre les compagnies de chemin de fer et les municipalités pour mieux les informer sur les matières transportées à travers leurs communautés, le Ministre a donné l’assurance que son gouvernement allait continuer d’en faire sa priorité. «En faisant bien sûr notre devoir de mémoire, on peut en même temps se tourner vers l’avenir!»

Interpellé par le porte-parole de la Coalition des citoyens et organismes engagés pour la sécurité ferroviaire à Lac-Mégantic, Robert Bellefleur, qui souhaitait une rencontre avec les organismes locaux, Marc Garneau a promis de revenir. «Je suis ici pour écouter. On travaille sur d’autres mesures au-delà des mesures qui ont déjà été prises, a-t-il insisté, soulignant l’importance de la vigilance. «La prochaine fois, on aura peut-être l’occasion de se rencontrer», a-t-il lancé.

Juste avant que le ministre quitte la salle pour aller signer le livre d’or de la municipalité, Robert Bellefleur s’est avancé à sa rencontre afin de lui remettre en mains propres les quatre lettres de demande de rencontre que son groupe lui a adressées depuis le mois de novembre, toutes restées sans réponse.

En entrevue à l’Écho, M. Bellefleur s’est dit toujours préoccupé par la nature des convois de matières dangereuses qui traversent la ville presque chaque nuit. Grâce à des caméras de surveillance installées aux abords de la voie ferrée, la Coalition a calculé en moyenne chaque nuit le passage de convois composé de 10 à 15 wagons de gaz propane et d’acide sulfurique, des «bombes» encore plus dangereuses que le pétrole advenant un déraillement.

Dans sa croisade pour réclamer des réparations au rail, Robert Bellefleur compte des alliés, dont le député fédéral Luc Berthold et le maire de Nantes, Jacques Breton.