Pourquoi attendre la reconstruction?

Pourquoi attendre la reconstruction? - Claudia Collard : Actualités

Jérôme Glad, co-créateur de l’organisme Pépinière & Co.

Et s’il suffisait de peu pour créer un vaste engouement au centre-ville de Lac-Mégantic? Et s’il était possible de réaliser un tel projet dans un court délai? Le designer urbain Jérôme Glad, co-créateur de l’organisme Pépinière & Co, le croit fermement. Selon lui, ce ne sont pas les millions investis ou le look léché d’un lieu qui détermine sa popularité, mais plutôt son appropriation par l’humain. «Même un endroit super design est laid quand il n’y a personne dedans. Il est possible de faire quelque chose même avec un site très dévitalisé; si ceux qui s’y investissent lui donnent de l’amour, une identité, cette chaleur humaine va inciter les gens à y revenir.»

M. Glad s’exprimait ainsi peu avant une conférence prononcée le 18 mai à la gare patrimoniale, sous l’invitation du Bureau de reconstruction. Entité à but non lucratif établie à Montréal, Pépinière & Co est dédiée à la revitalisation de sites urbains, processus impliquant la participation des organismes locaux. «On identifie ces acteurs et on leur présente un projet, qui devient de plus en plus authentique à mesure que les acteurs locaux se multiplient. Les organismes du milieu sont mieux en mesure de créer cette appropriation que nous, qui sommes étrangers au quartier.»

En fait, l’entreprise de Jérôme Glad établit le pont entre les citoyens et les instances municipales. «Les citoyens ont des désirs, des projets fous mais n’ont pas les infrastructures pour les réaliser. Les villes ont l’argent mais ne peuvent pas réaliser des projets spontanés; elles sont plus dans la bureaucratie, les projets sur le long terme. Nous, on orchestre les potentiels pour amener des projets qui répondent à une vision collective et créent un sentiment d’appartenance.»

Pas de projet tape-à-l’œil donc, ni attitude invasive. M. Glad cite en exemple la revitalisation de la Place Émilie-Gamelin du centre-ville de Montréal, réalisée en 2015. Un lieu qui voilà 25 ans avait subi une coûteuse transformation, l’ancien stationnement étant converti en place publique. « Mais cette place était juste un design physique, avec béton et herbe. Malgré les millions investis, on n’avait pas prévu tous les processus qui font en sorte que les gens s’approprient un lieu. Vingt-cinq ans plus tard, c’était une place minérale presque austère, pleine de graffitis, fréquentée par des délinquants et un repère pour itinérants. Avec quelques dizaines de milliers de dollars, on a été capable de créer un électrochoc et de totalement changer la perception.»

Comment? En installant un ancien conteneur maritime pour en faire un café-resto-bar et en y ajoutant une terrasse publique puis une scène pour accueillir de petits spectacles. Et surtout, en suscitant la participation de la population locale. «On a instauré un programme d’agriculture urbaine, géré par un organisme local et dont l’entretien est fait avec l’implication des itinérants du quartier, qui pouvaient aussi récolter les fruits de leur travail. L’idée n’était pas de «nettoyer la place» des itinérants mais plutôt de la dynamiser. Certains d’entre eux ont même signifié qu’on avait amélioré leur chez-soi.»

Nul besoin, donc, de gros dispositifs pour susciter une appropriation collective d’un lieu. « On est dans un contexte où il y a plein de grands projets mais qui mettent du temps à se concrétiser. En attendant qu’est-ce qui se passe, au-delà des discussions, des rencontres? Des processus peuvent se mettre en place dans un horizon de deux mois. Ça donne beaucoup d’espoir à la population. C’est important l’idéation mais c’est du long terme. Il faut des résultats à courts termes pour éviter que les gens soient désillusionnés. Pas juste une rue, mais un lieu dont les gens peuvent s’approprier.»

L’idée, transmet Jérôme Glad, c’est de concevoir un lieu comme on concevrait sa cour arrière. «C’est facilement accessible, on est tous capable de le faire. On peut passer du temps à attendre que la Ville réalise un projet ou on peut prendre les choses de front et, collectivement, faire un projet. Ici, il y a un centre-ville rasé. Mais il reste encore les beaux espaces.»

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