Oscar Brochu

La vérité d'Alex

En vérité, il vous l’a écrit Alex Poulin, sur Facebook: «Le tissu commercial s’effrite! Nos commerces locaux ne roulent pas sur l’or!» Vrai que les fuites commerciales s’accélèrent et les revenus par ménage ont beau augmenter, les profits des commerçants fondent comme neige au soleil, plombée par toute cette économie numérique qui vous rive devant l’écran, même quand c’est le temps de magasiner! Plombée aussi par des habitudes d’achat en dehors.

Alex dresse un portrait plutôt sombre, mais réel, dans les quarante nuances de gris, de l’impact qu’ont nos habitudes de vie sur la survie des commerces de proximité. «Aller s’acheter une paire de patin à Sherbrooke, ça peut paraître banal. Par contre, si nous nous disons tous que c’est banal, la conséquence est irréversible aujourd’hui: on perd un commerce de plus! Non, ce n’est pas banal, c’est fondamental.» Vous aurez deviné qu’Alex réagissait à la fermeture d’Intersport, au Carrefour. «Merci Michel pour toutes ces années au service de notre région et bonne chance pour la suite», terminait-il.

J’aime ça jeter un coup d’œil de temps en temps sur le réseau social multi milliardaire de Mark Zuckerberg. Lui, il l’a l’affaire! Une grosse mine d’or qui sape des millions de dollars par jour en revenus publicitaires qui, autrement, seraient allés dans les médias traditionnels, les grands nationaux comme les petits locaux. L’ennemi contre qui il ne sert à rien de lutter.

La presque totalité des commerçants de nouvelle génération ne jure que par Facebook. Des centaines d’amis, des dizaines de partages, quelques ventes au finish. Adorons le dieu Internet! Et puisqu’ils roulent en fou sur l’autoroute, à la recherche d’une visibilité jusqu’aux confins de la Terre, quelque part entre la Nouvelle-Guinée et la Papouasie branchée, ils oublient que leur voisin du haut de la côte risquerait peut-être de rentrer dans le commerce s’il n’avait pas la fâcheuse impression de déranger.

Le monde change! Pas vite aux yeux de certains, beaucoup trop aux yeux des autres. Vous-mêmes êtes en mesure de vous en rendre compte au quotidien. Peu importe où vous restez, dans un village autour ou dans la ville. Tu sais, Alex, l’ancien monde s’effrite plus vite qu’on a le temps d’y penser.
Prends les membres de Desjardins, il n’y a pas si longtemps ils étaient déchirés d’un bord et de l’autre de la Chaudière, bataillant pour garder leur identité «locale», le contrôle «local» des caisses «locales».

Les plus vieux étaient réticents aux changements. Le changement fait peur, tu le verras en vieillissant, mon jeune Poulin. Ces vieux qu’on croise encore aujourd’hui à la caisse, patients. Pour eux, une caisse en ligne c’est faire la file, en ligne, bien cordée, en attendant qu’une caissière au comptoir se libère. C’est encore le contact humain, faire ses transactions en jasant avec un humain, pas silencieusement devant une machine qui, souvent, ne te comprend pas. La caisse «locale» c’est le dernier lieu de résistance, après sa fermeture, après le retrait des guichets, Desjardins ne conjuguera plus l’avoir et l’être. Juste l’avoir!

C’est ce qui s’est fait avec les bureaux de poste, c’est ce qui s’est fait avec les gares pu de train, avec les églises pu de fidèles. On est tous entrainés là-dedans, avec pas grand moyen pour stopper le progrès en marche.

C’est vrai que c’est triste un commerce qui ferme. Pis un autre… C’est tout aussi triste quand on entend parler d’un commerce qui veut ouvrir mais qui ne sent pas l’accueil très chaud. St-Hubert, par exemple.
Je me rappelle au bon souvenir de Jacques Bilodeau, de Boutik Électrik, une victime collatérale du 6 juillet 2013. T’allais là, s’il n’avait pas ce que tu cherchais, il le faisait venir. Le bon morceau, le bon numéro de stock «fittant» avec la bonne marque du bon appareil. Petite boutique étroite, un gars de grand service, Jacques! Impliqué dans le cyclisme et dans bien d’autres domaines. Les derniers temps, on voyait qu’il cherchait sa place.

Alex poursuit son analyse, sa réflexion sur l’achat local, mais il insiste : «L’idée ici n’est pas de trouver ou de chercher des coupables. L’idée c’est plutôt de prendre du recul et de comprendre comment nos gestes quotidiens, qui semblent anodins individuellement, ont un impact global percutant. Nous avons tous une responsabilité dans la prospérité de notre région. Prenons la nôtre tout simplement. Blâmer le voisin ne donnera pas de résultats.»

Vingt-quatre heures après avoir mis en ligne ton commentaire, t’avais 69 partages…. Tu viens d’augmenter ta visibilité parce que journal «local» le partage sur… papier. Parce que oui ce mode de communication et d’information de «journal papier» existe encore malgré une fin annoncée depuis des années.

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