Le milieu se mobilise pour empêcher l'extradition de Soumaïla

Le milieu se mobilise pour  empêcher l'extradition de Soumaïla - Claudia Collard : Actualités
Soumaïla en compagnie de Karine Bilodeau, coordonnatrice des ressources humaines pour Champeau Mégantic, et Annie Gagnon, coordonnatrice pour Défi Carrière Mégantic.
Le milieu se mobilise pour  empêcher l'extradition de Soumaïla - Claudia Collard : Actualités
Soumaïla est à l’emploi de Champeau Mégantic depuis janvier 2017. (Photo Claude Grenier)

Le 4 janvier 2017, Soumaïla Sawadago entrait à l’emploi de Champeau Mégantic, une usine spécialisée dans la fabrication de composantes de bois franc située à Frontenac. Recruté peu après son arrivée à Montréal via l’organisme Défi Carrière Mégantic, l’homme originaire du Burkina Faso a choisi la région pour la qualité de l’accueil de ceux et celles qui ont facilité son intégration. Près de trois ans plus tard, Soumaïla fait face à un ordre d’extradition. Si rien ne change, il devra quitter le pays le 22 novembre. D’ici là, des instances locales mettent tout en œuvre pour faire renverser cette décision du ministère de l’Immigration.

Soumaïla avait le choix. Il aurait pu s’établir en Abitibi, en Beauce, à Saint-Hyacinthe ou à Valleyfield. Mais la région de Mégantic l’a séduit davantage. «D’abord, je voulais quitter Montréal, ça ne m’intéressait pas de demeurer en ville. J’ai eu des entrevues d’embauche dans d’autres régions mais l’accueil était meilleur ici», relate celui qui est entré au pays à titre de demandeur d’asile. Une fois dans la région, des ressources en place l’ont aidé à se trouver un logement en plus de lui donner l’occasion de prendre part à diverses activités de réseautage. Aujourd’hui, ils sont nombreux à l’apprécier, tant dans son environnement de travail qu’au sein de la communauté.

Alors que son permis de travail était aisément renouvelé chaque année, Soumaïla n’a pu obtenir ce précieux document cette fois-ci. Plusieurs lettres ont ensuite été émises aux instances décisionnelles pour démontrer à quel point il était un employé compétent en plus de s’être parfaitement intégré à sa terre d’accueil. En vain.

«On nous répond que Soumaïla ne répond plus aux critères de demandeur d’asile. Soumaïla parle français, il adore la région et a même attiré de ses amis ici. On est en pénurie de main-d’œuvre, on peut-tu garder nos travailleurs qui sont intégrés?», transmet Annie Gagnon, coordonnatrice pour Défi Carrière Mégantic, exprimant le souhait que le ministère Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada revoit ses critères.

«Ce qu’on souhaite c’est gagner du temps. Soumaïla est un bon travailleur, on veut le garder à notre emploi», exprime Karine Bilodeau coordonnatrice des ressources humaines chez Champeau Mégantic. Parmi les voies pouvant être explorées pour venir en aide à Soumaïla, celle invoquant des motifs humanitaires est pour l’instant préconisée. Le président-directeur-général de Champeau, Pierre Champeau, a à cet effet sollicité l’aide de la députée libérale Marie-Claude Bibeau. Une pétition de 80 signatures, spontanément produite la semaine dernière dans la foulée du colloque du Défi 2025, lui a également été remise. Au moment d’aller sous presse, aucun signe ne s’était manifesté concernant l’avancement du dossier.

Soumaïla avoue craindre pour sa sécurité s’il est extradé au Burkina Faso. «J’ai peur de ce qui pourrait m’arriver là-bas. Je n’en ai aucune idée mais j’imagine des choses et je suis mal à l’aise», transmet-il. «On aimerait que quelqu’un du gouvernement fédéral prenne en charge ce dossier et nous donne un délai. Il y a près de 25 demandeurs d’asile dans la région de Mégantic, venant principalement de pays d’Afrique et d’Amérique du Sud, des gens qui sont appréciés ici. Est-ce qu’il va leur arriver la même chose?», questionne Annie Gagnon.

Malgré tout, Soumaïla garde espoir. «J’ai rencontré de bonnes personnes ici. Avoir l’appui de la communauté m’aide à garder le moral. J’ai envie d’y croire jusqu’à la dernière minute.»

Luc Berthold saisi du dossier

Le député de Mégantic-L’Érable, Luc Berthold, est bien au fait du dossier de Soumaïla Sawadago. En juillet dernier, il a fait une intervention auprès du ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Ahmed Hussen, démarche demeurée sans réponse. Comme M. Hussen conserve la responsabilité du Ministère jusqu’à l’assermentation des ministres du nouveau cabinet Trudeau le 20 novembre, le député conservateur a de nouveau sollicité son soutien en début de semaine.

M. Berthold, qui interviendra également auprès du ministre nommé à l’Immigration le 20 novembre, invoque lui aussi des motifs humanitaires. «Je souhaite que le ministre intervienne pour permettre à monsieur Sawadago de rester ici, dans son milieu d’adoption. À la lecture de tout le dossier, dans la mesure où il s’est impliqué dans la région, parce que la communauté est avec lui et pour tout ce qu’il peut craindre pour lui en retournant dans son pays, on pense que le ministre peut intervenir pour des motifs humanitaires», considère-t-il.

Si rien ne bouge, Soumaïla devra bel et bien quitter le pays le 22 novembre. «Il n’a pas le choix; il s’agit d’un ordre d’expulsion. Seul le ministre ou certains hauts fonctionnaires de l’Immigration auraient le pouvoir de repousser la date. Mais le fait que les gens en parlent, aient signé la pétition, que le dossier soit traité dans les médias, tout ça met de la pression sur le ministre», termine Luc Berthold.

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