Une fin tragique pour madame M

Une fin tragique pour madame M - Claudia Collard : Actualités

Mme M lors d’une entrevue avec l’Écho, il y a environ un an.

La longue bataille juridique de madame M pour éviter d’être jugée aux États-Unis a pris fin de façon tragique. Celle qui a agi pour le bien et la sécurité de ses enfants en les ramenant de la Géorgie au Canada en 2010 a été retrouvée morte dans sa cellule de la prison Leclerc le 5 novembre. Le 17 novembre, la Cour suprême se prononçait en faveur de son extradition, une mesure qui l’aurait possiblement condamnée à 15 ans d’emprisonnement.

Échappant à la violence de leur père, les trois enfants s’étaient réfugiés dans un hangar abandonné, où ils sont demeurés près d’une semaine avant de demander l’aide de leur mère. Une fois de retour ici, madame M est arrêtée et accusée d’enlèvement d’enfants aux États-Unis. Elle se retrouve en prison et ses enfants en famille d’accueil.

Hébergée à La Bouée à sa sortie de prison en 2011, madame M. récupère ensuite la garde de ses enfants et s’établit à Lac-Mégantic. Un jugement de la Cour supérieure indique qu’elle a bel et bien agi pour le bien de ses enfants.

Malheureusement, les États-Unis reviennent à la charge et ce jugement est renversé en Cour d’appel. Toujours à ses côtés, l’équipe de La Bouée orchestre plusieurs démarches pour lui venir en aide (dont une pétition mise en ligne, suivie plus tard d’une importante médiatisation du dossier). Retour en Cour suprême en 2015, où l’ordre d’extradition est maintenu. Après avoir accepté d’examiner son dossier, la ministre de la Justice d’alors, Jody Wilson-Raybould refuse de suspendre l’extradition dans une décision rendue le 3 août 2016. Malgré de nombreuses pressions auprès de cette dernière pour qu’elle intervienne auprès des autorités américaines pour faire annuler l’extradition ou qu’elle utilise son pouvoir discrétionnaire à cette fin, la décision a été remise entre les mains de la Cour suprême, qui s’est prononcée en faveur de son extradition le 17 octobre.

La suite est une véritable tragédie. Un communiqué transmis par la coordonnatrice de La Bouée, Julie Bernier, soulève plusieurs questionnements. «Sachant qu’elle venait d’apprendre qu’elle devait être extradée et risquer de faire 15 ans de prison, a-t-elle reçu l’aide psychologique nécessaire pour affronter cette terrible nouvelle? Est-ce que le gouvernement fédéral a pris en compte, dans sa décision d’extrader Mme M, que celle-ci et ses enfants ont été victimes de violence conjugale? Le gouvernement a-t-il tenté d’utiliser son pouvoir discrétionnaire que lui donne la loi, afin de mettre fin au processus d’extradition? Tout bien considéré, est-ce que la Cour suprême ainsi que le gouvernement fédéral ont pris en compte le témoignage des enfants de Mme M? Pour rendre hommage à cette femme, nous croyons que c’est maintenant à notre tour de lui rendre justice. Agissons afin de faire valoir ce que cette femme a toujours voulu durant les huit dernières années, soit la justice et la reconnaissance qu’elle a agi afin de sauver ses enfants qui étaient victimes de violence de la part de leur père.»

Julie Bernier tient à saluer le courage de cette femme, une battante dont la priorité a toujours été le bien-être ses enfants. « Pendant huit ans, elle a été confinée 23 heures sur 24 dans son appartement, avec de nombreuses conditions à respecter et sans compter les nombreux allers et retours en prison. Madame M était une femme courageuse qui s’est battue afin d’assurer la protection de ses enfants, de dénoncer la violence conjugale qu’elle a vécue et de dénoncer la violence que ses enfants ont vécue. Elle aura lutté durant les huit dernières années afin d’obtenir justice…»

L’ancienne directrice de La Bouée, Sylvie Morin, qui a accompagné madame M durant tout le processus judiciaire, abonde dans ce sens, se disant à la fois triste et outrée, face à un système de justice qu’elle considère intransigeant. «La résultante, c’est qu’on a une famille qui est démolie, des enfants qui n’ont plus de mère alors qu’elle a toujours voulu les protéger. Il y a quelque chose qu’on n’a pas traité. Cette femme avait besoin d’aide; tu ne peux pas vivre autant de pression et t’en tirer indemne.» Mme Morin salue aussi l’incroyable courage de madame M. «C’était une femme tellement forte! Elle a déplacé des montagnes, elle a même réussi à avoir des avocats pro bono, dont Julius Gray. À chaque étape du processus, elle a fait preuve d’une incroyable détermination. Il ne faut pas que cette histoire s’arrête là.»

De son côté, la Fédération des femmes du Québec dénonce les «conditions inhumaines» de la prison Leclerc, où deux autres femmes ont été retrouvées mortes en l’espace de deux ans. «Il n’est plus question de mots, il est question d’action concrète pour enrayer la mise à mort psychologique de ces femmes, qui a mené ici à une troisième mort physique», indique-t-on par voie de communiqué.

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