Oscar Brochu

La «conversation»

À quelques minutes du départ de la Marche de Solidarité Mégantic, samedi, Daniel Green, le chef adjoint du Parti vert du Canada, tout de blanc vêtu sauf le chapeau, brun à la couleur du nouveau centre-ville, livre une analyse du dossier avec une vision de la lumière qui brille au bout du tunnel. Surprenant pour un environnementaliste, surtout compte tenu de tous les obstacles que les gouvernements supérieurs ont mis sur son chemin depuis les toutes premières semaines de la tragédie. Il a été si longtemps persona non grata du gratin politique, qu’on aurait eu droit à une réflexion teintée de pessimisme et de découragement, de rage et d’incompréhension. La circonscription qu’il souhaite représenter à Ottawa, Ville-Marie-Le-Sud-Ouest-Île-des-Sœurs, est située à des centaines de kilomètres de chez nous mais ce qui est arrivé à Lac-Mégantic peut très bien se reproduire partout à travers le pays, dans les communautés qui sont traversées par le chemin de fer. Partout! En fait, n’importe où aux Etats-Unis et même dans le grand Montréal! Venant de lui, le discours est crédible, davantage que celui de n’importe lequel élu, de tous les gouvernements confondus, qui cherchent à becqueter un peu de capital de sympathie sur le dos des Méganticois. Je lui laisse la parole :

«Depuis la tragédie de Lac-Mégantic, on a remarqué à travers le Canada une «conversation» (j’aime le mot) dans les rapports entre les citoyens et le rail qui passe à côté de chez eux. Sans le rail, le Canada ne serait pas le pays qu’il est aujourd’hui. Le rail peut nous apporter de bonnes choses, mais aussi de très très mauvaises choses. Là, actuellement, il y a des citoyens qui se font arrêter parce qu’ils traversent le rail; le rail coupe les communautés en deux. Et indépendamment du transport des matières dangereuses, il y a une réflexion en 2015, dans le rapport des villes et des villages avec le rail qui passe à côté de chez eux. Un juge, à Montréal a condamné une madame. Tout ce qu’elle veut c’est une passerelle pour éviter que des quartiers soient divisés en deux. La relation entre le rail et les citoyens a été cristallisée par l’accident de Lac-Mégantic et d’autres accidents, comme ceux survenus en Ontario et au Nouveau-Brunswick. Les gens commencent à dire: on peut-tu avoir une dialogue?»

«La conversation commence à s’étendre, même au niveau ministériel, sur le niveau de tolérance entre ce quasi monopole et cette attitude de non négociation et de non communication. Nous, quand on a lancé notre campagne Rail Canada (Parti vert), pour la première fois j’ai reçu un coup de téléphone de l’Association des chemins de fer du Canada et de Transports Canada. Nous, ce qu’on demande aux citoyens c’est de prendre des photos des rails, de façon sécuritaire. Et pour la première fois, j’ai pu parler au président de l’Association avec un dialogue. Il nous avertissait que c’était dangereux, que c’était illégal. Très bien, on va dire à notre monde de faire attention en prenant des photos.»

«Le concept des voies de contournement, à mon grand étonnement, j’ai posé la question à un colloque des matières dangereuses qui se tenait à Montréal, organisé par l’Association québécoise du transport. J’ai vu qu’il y avait un commencement d’engagement. C’est pas vrai que ça va être le statu quo c’est pas vrai qu’avec les années il ne va pas y avoir un dialogue. Et j’ai posé directement la question: est-ce que la Fédération canadienne des municipalités pourrait dans une approche ouverte commencer à discuter des voies de contournement? Pas seulement à Mégantic mais des voies de contournement partout.»

La question est posée: est-ce que la conversation va amener à une négociation, lui ai-je demandé? «On arrive à un moment critique. Mégantic risque d’être un précédent canadien. Toutes les autres municipalités qui doivent subir le transport des matières dangereuses sont en train de regarder qu’est-ce qui va se passer à Lac-Mégantic. À cause de l’unicité du Québec par rapport au Code civil, le fait qu’on a eu la tragédie de Lac-Mégatic qui a fait une empreinte sur le collectif de la population, le fait qu’on parle pour la première fois de voie de contournement pour le transport des matières dangereuses, les choses changent, je crois!»
Bien dit, Daniel Green. Ce discours-là ne s’écoute pas souvent sur la place publique. Ça ne se discute pas entre les élus et la population. La «conversation» qui s’étend sur tout le territoire nord-américain semble moins une priorité, ici, que le fait d’expliquer pourquoi il faut tant se soumettre aux diktats de l’esthétisme pour le revêtement des bâtiments de «votre» vision de «notre» Nouveau Monde.

Attention, ne vous moquez pas des «sentinelles» qui ont défilé samedi dernier. La vigilance reste de mise. Rappelez-vous, on a mis en place, dans les lieux de travail, des sentinelles pour prévenir le suicide des camarades. Quand on parle de prévention, on se bouche les yeux et les oreilles, en se disant que les autorités veillent sur nous, ça suffit amplement! C’est pas en se croisant les doigts qu’on évite les drames, c’est en prenant part à une prise de conscience collective coast to coast en Amérique qui a pris son origine ici, un certain 6 juillet! Un mouvement dont l’ampleur nous dépasse, assurément.

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