Drame et mélodrame

À la veille de commémorer le cinquième anniversaire de la tragédie de Lac-Mégantic, dans quel état d’esprit sont les familles et les proches des victimes et les citoyens de Lac-Mégantic, questionnent surtout les gens qui vivent à l’extérieur? Réponse facile: la vie a repris son cours. Un peu croche au début, certes, mais les gens se redressent, chacun à son rythme.

Il faudra bien se l’avouer un jour ou l’autre, la tragédie de Lac-Mégantic est un désolant constat d’échec. Échec d’une société, d’un État, d’une industrie… Échec des différentes autorités à assurer la sécurité de sa population. Point!

Le système judiciaire qui pointait des présumés coupables aura finalement nourri un lent processus qui a abouti à bien peu de résultats, sans doute parce que le scénario de départ qui était de tout mettre sur le dos d’une toute petite poignée d’individus, traités comme des terroristes, s’est terminé en queue de poisson avec un verdict de non culpabilité pour les trois ex-travailleurs de la MMA et l’abandon des procédures contre la MMA, elle-même. Si le doute persiste encore c’est que, ni le gouvernement québécois, ni le gouvernement canadien n’a jugé bon de mettre en place une commission d’enquête publique et indépendante pour faire toute la lumière sur les causes et les circonstances de la tragédie. Certes, il y a eu l’enquête du coroner, l’enquête du BST et l’enquête de la Sûreté du Québec, mais alors pourquoi sommes-nous encore avides de réponses à des questions qui n’ont pas été clairement répondues?

En cinq ans, ce qui a surtout évolué dans le dossier c’est la pluie de millions de dollars qui s’est abattue sur les Méganticois et le portrait politique qui a beaucoup changé depuis juillet 2013.

Il n’y a plus qu’un seul acteur politique encore en poste. Christian Paradis n’y est plus, Stephen Harper n’y est plus, Colette Roy Laroche n’y est plus, Pauline Marois n’y est plus, reste Ghislain Bolduc qui n’y sera bientôt plus.

Ceux qui auraient pu répondre du «crime», les gens en autorité, n’y sont plus. Le CP ne l’a jamais été. Bref, la question est légitime, à défaut d’une commission d’enquête publique à laquelle le gouvernement fédéral ne tient pas, de toute évidence, malgré le vote unanime, mercredi, des députés à l’Assemblée nationale pour réclamer d’Ottawa qu’il en décrète une, rabattons-nous sur les deux livres appelés à paraître en 2018, sur les films documentaires qui se laissent attendre et… sur le théâtre !

Oui, La Presse + nous apprenait lundi qu’une jeune dramaturge, Alexia Bürger, s’est inspirée de la tragédie de Lac-Mégantic pour écrire la pièce Les Hardings, présentée au Théâtre d’Aujourd’hui, à Montréal. Pourquoi les «Hardings» avec un «s» ? Parce qu’il y en a trois dans la pièce: le conducteur de train, un auteur britannique et un assureur américain. Les conversations qu’ils tiennent, les questions qu’ils se posent, les réflexions qu’ils partagent portent toutes sur le thème de la responsabilité. De la fiction, pas du théâtre documentaire, insiste l’auteure. L’œuvre tend à démontrer que nos actes ont un impact sur la vie des autres. Ce qui est arrivé à un certain conducteur de train, dans la nuit du 5 au 6 juillet 2013. Moment d’émotions dans la pièce, raconte-t-on, la scène où le personnage qui incarne Thomas Harding, le conducteur, nomme une à une les 47 victimes de l’accident ferroviaire. Alexia Bürger raconte à la journaliste Josée Lapointe qu’elle avait longuement hésité avant d’aller là. «Mais on avait l’impression que de ne pas en parler pour respecter leur deuil, ça revenait à les transformer en dommages collatéraux. Alors qu’ils nous ont hantés tout le long.»

Rassure-toi, Alexia, ici on est tous plus ou moins confrontés avec le même questionnement chaque 6 juillet qui passe. Entre le drame humain et la tragédie ferroviaire. Et comme le jour de la marmotte, chaque 6 juillet, un grand malaise, amplifié par le non moins grand «show» médiatique qui accompagne la commémoration. Soupir!

Chose certaine, il n’y a plus rien de simple dans cette ville où nous habitons. Chaque projet est «trop» complexe. Prenez le Marché public qui se cherche un lieu d’échange attractif entre les producteurs locaux et les consommateurs. La gare patrimoniale va bientôt se vider d’une partie de ses locataires, ceux qui travaillent au Bureau de la reconstruction et qui vont déménager à l’hôtel de ville le mois prochain. Vous ne trouvez pas que ce serait l’endroit idéal pour tenir le Marché public? À l’intérieur quand il pleut, à l’extérieur par beau temps. Pourquoi ne pas l’essayer? Mais bon, de quoi je me mêle?

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